Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj. et subst.
 
 

-

[Pauvre et riche]

 

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Au riche homme son boeuf lui fait des veaux et au pauvre sa vache lui avorte V. riche

 

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La compagnie du pauvre sage vaut mieux que celle du riche ignorant

 

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Les pauvres ont à souffrir des riches : Et le mere du roy ne se vault alentir, Et puis le commencha sy bien a asalir Que le belle ploura, que ne se pot tenir. Ensy ont povre gens des riches a souffrir.Il ne les prisent riens, sy en font a haïr. (Belle Hélène Const. R., c.1350, 182).

 

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[Sentence biblique (Ecclésiastique XIII, 23-29)] Les pauvres sont la pasture des riches : Si comme dit Sapience, "aussi comme l'asne sauvage est la proie du lyon ou desert, aussi les povres sont la pasture des riches..." (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 425).

 

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On voit rarement amitié entre le riche et le pauvre V. amitié

 

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Par amitié les bons pauvres deviennent riches V. amitié

 

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Quand homme donne aux pauvres richesse est en lui bien acquise : Vray est, quant homme n'y a point Fiance, mais le cuer a tendre Et donne aux pouvres sans atendre, Richesse est en lui bien assise. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 14).

 

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Un pauvre homme franc est plus riche que le plus riche serf du monde V. franc2

 

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Tel est pauvre qui encore enrichira : Guillaume pleure, Guibour le conforta En disant : "Sire, ne vous esmaiés ja, Car tel est povre qu'encor enrichera ; tel a pardu qui encor gaignera." (Guill. Orange T.H.G., t.2, p.1450, 934).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 1636 : Pire est gabeïz de povre que le mal qu'il a, 1714 : Povres hon n'a nul ami.

 

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[Le pauvre : objet d'indifférence, de mépris, de moquerie]

 

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Aucune chose n'est bien dite ou faite si le pauvre la dit ou la fait : Li mondez trestous renouvelle D'abis, de coustume nouvelle, Mais le povre ne mue point, Il demeure adiés en un point. Nulle rien n'est bien dit ou fait Se le povre le dist ou fait, Ce que riche voelt dire ou faire, Il samble qu'a cascun doibt plaire (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 76).

 

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Le pauvre qui en haut monte est comme un singe sur une pelle : Comme un singe sur une selle Est le povre Qui en hault monte, Des autres ne veult tenir compte, Mais est despit, fier et rebelle. Si tost que Fortune l'apelle Et que son orgueil le surmonte, Comme un singe sur une pelle Est le povre qui en hault monte. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 89).

 

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Pauvres gens sont à tous lez reboutés V. gens

 

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Pauvre homme a petite voix entre grands seigneurs : Aprés disner le Sourdit print a bourder avec la fille du roy puisnee et lui dit : "Madame, que dictes vous du roy d'Irlande ? Se je pensoye qu'il vous pleust, je toucheroye du mariage de vous et de lui, combien qu'il n'affiert mie à moy, car povre homme a petite voix entre grans seigneurs." (Ponthus Sidoine C., c.1400, 98).

 

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Qui est pauvre il est fol et méchant : Et en ce monde, quiconques n'a richesces, il est fol est sot, cest un asne, une çouche, une pierre ou plonc ou quelconques autre chose que tu veulz qui soit plus meschant insensible. Donques qui est povre, il est fol et meschant. Et certes celui ne puet estre amé de quelconques personne que dure fortune si abaisse (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 446).

 

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Quoi que fasse ou dise le pauvre, on dit que c'est chose mal faite : Tout ce que riche fait ou dit Est bien sans quelque contredit, Mais qui de estre povre a la grace, Quelque chose qu'il die ou face, Tant soit elle bonne et parfaicte, En tout lieu et en toute place On dit que c'est chose mal faicte. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 97).

 

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[Ignoré par Dieu même] Onques nul pauvre homme n'entra au paradis : ...ung povrez homs est et blasmés et haïs ; Car je croy vrayement, et tel est le mien dis : Oncques nul povres homs n'entra en paradis. (Theseus Cologne I, 2 B., c.1361-1374, 241).

 

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[Pauvre et seul]

 

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Pauvre homme ne trouve ni ami ni parent V. ami

 

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Qui pauvre est, âme ne l'accompagne : Muse n'y a qui ne soit achoppee Ou escloppee, encheppee ou happee ; Clyo frappee est boutee en tourade, N'est oreade au monde, ne drïade, N'amadrïade en forest ou champaigne : Qui trop povre est, ame ne l'accompaigne. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 210).

 

Rem. DI STEF. 657a, pauvre.

 

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Un homme pauvre n'a pas d'amis V. homme

 

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[Pauvreté conduit parfois au délit] De pauvres gens on doit avoir pitié : [Dans un paragraphe intitulé Fortune] Les grans et riches on doit moult supporter. Riches gens peuvent en pluseurs cas servir. De povres gens on doit avoir pitié. Par povreté pluseurs gens font du mal. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 125).

 

-

[Tout est pauvre chez le pauvre]

 

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De pauvre homme pauvre songe : De povre homme adez povre songe, De povre saint povre chappelle ; Povre homme, ce n'est point mensonge, La mort huche, la mort appelle Atout sa houe, atout sa pelle ; mais la mort fait l'oreille sourde : Mal n'est qu'en povreté ne sourde. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 144).

 

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À pauvre fèvre pauvre enclume V. fèvre

 

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[Les grandes victimes de la guerre] De la guerre ont pauvres gens le pire V. guerre

 

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Il n'est loyer que de pauvre homme V. loyer

 

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Il n'est orgueil que de pauvre enrichi V. orgueil

 

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Il y aura toujours assez de pauvres gens : Le filz de Dieu qui le monde vainqui En paix nasqui dessoubz Octaviien ; L'an mil cinq cens, ung mains, fevrier, rendi, Par ung lundi que bissexte escheÿ, Ce fils icy ; soubz Maximilïen, Nous sommes bien, Dieu nous donne tout bien, Ne nous fault rien que gaignage et argent : Tousjours arons assez de povre gent. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 356).

 

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Pauvre est qui n'a santé V. santé

 

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Pauvre n'a bien qu'à souhaiter : ...Aprez Jouvent Viellesse vient. Qui n'a riens adonc, il ennuit Et du temps passé lui souvient. Puis pour le mal qui lui seurvient Il souhaide huy, il souhaide hier : Povre n'a bien qu'à souhaidier. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 149).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 396 : Cil est povres cui Deus het, 1315 : Mont est povres qui ne voit
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj.
[DÉCT : povre ]

I. -

"Qui manque du nécessaire"

A. -

"Indigent, pauvre" : Or pert il bien que tes jugemens ne sont pas pareilz a ceulz des hommes, car qui fut oncques en ce monde plus povre que toy, quant il te plot naistre en un povre estable commune en lieu destourné entre bestes mues en temps d'iver, envelopé en povres drapelléz (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 222). ...si povre que tu n'avoies pas un petit oreillier a reposer ton navré digne chief. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 222). ...le serve bien et loyaument, soit en prosperité ou en dure fortune, pouvre ou riche, en quelque estat qu'il soit (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 84).

 

-

Empl. subst. : Et des pouvres dont il dit que ilz sont beneuréz, est a entendre des povres d'esperit (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 27).

B. -

Pauvre de. "Démuni, dénué de" : Et telle creature, quoy que elle habonde en biens mondains, est povre d'esperit et possedera le royaume des cieulx. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 27).

II. -

"Malheureux, pitoyable, pauvre" : ...elle est une povre creature mortele, fresle et pecharresse (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 29). O povre pecheur ou pecharresse, que as tu qui te complains par povreté ? (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 222).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj. et subst.
[DÉCT : povre ]

I. -

Adj. [En fonction d'épithète antéposée au nom]

A. -

"Qui inspire de la pitié, de la commisération"

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

[Empl. délocutif] : Je te commande au nom Jhesus, Diable, laisse ce pouvre enfant ! (Pass. Auv., 1477, 159). Felons, ne vous pourrés lasser D'ainsi presser Mon pouvre enfant de voz marteaulx ? (Pass. Auv., 1477, 199). Hee, Dieu, qui consouler porra La pouvre mere de pitié vaine ? (Pass. Auv., 1477, 256).

 

-

[P. métaph. du subst. qualifié] : Dieu virtüeux Et precïeux, - veez cy pouvre contrefacture, Come ceulx qu'on mect a torture. O beauté pure, Vostre figure - est alaidie. (Pass. Auv., 1477, 255).

 

b)

[Empl. allocutif] : Or nous dy doncques, pouvre enfant, Pour quoy t'es tu mis dans se gourt ? (Pass. Auv., 1477, 158). Vostre visacge est tout plein d'eau ; Pouvre homme, il le fault essüer. (Pass. Auv., 1477, 193).

 

c)

[Empl. locutif] : Las, je suis pouvre desoulee De corps, de biens et de mon arme. (Pass. Auv., 1477, 130). Or suis je la pouvre meschante, Que n'ay plus chavance ne rente. (Pass. Auv., 1477, 182). Embrasse moy, ma doulce amie, Et baise la pouvre marrie ! (Pass. Auv., 1477, 265).

 

-

En apostrophe. [À l'adresse de soi-même] : Que doy je faire, pouvre doulente, Puis que j'ay pardu mon enfant ! (Pass. Auv., 1477, 130). J'ay trop estee vestue Jusques cy, la pouvre dolente [l. doulente] ! (Pass. Auv., 1477, 150). A lasse moy, pouvre doulente ! Hely nous veulhe consouler ! (Pass. Auv., 1477, 157).

 

2.

[D'une collectivité] Le pauvre peuple. V. peuple

B. -

[P. méton. du subst. qualifié] "Triste, pénible" : On ne scet a quoy se tenir Pour soubstenir Nostre pouvre vie mortelle. (Pass. Auv., 1477, 111).

II. -

Subst. masc. et fém. "Personne qui inspire de la pitié, de la commisération" : Et que ne guarissés vous ce pouvre ? (Pass. Auv., 1477, 160).

 

-

En apostrophe. [À l'adresse de soi-même] : Las, pouvre, j'en pers ma coronne, Payent la somme Du fruit maulvaiz que tu mangis ! (Pass. Auv., 1477, 246).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj. et subst. masc.
[DÉCT : povre ]

I. -

Adj. [D'une pers.] "Pauvre" : Et a celui qui est povre ou diminué en pecunes pour la communité, l'en ly fait dons utiles. (ORESME, E.A., c.1370, 450).

II. -

Subst. masc. : Et l'amistié de ceuls qui sont aucunement contraires semble estre faite meïsmement pour proffit ou utilité, si comme le povre aime le riche, et l'ignorant le sachant. (ORESME, E.A., c.1370, 431).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj.
[T-L : povre ; GDC : povre ; DÉCT : povre ; FEW VIII, 56a : pauper]

A. -

[D'une pers.] Pauvre de + subst. "Dénué de, dépourvu de" : Et certes vous estes bien pouvres De sen et si avés grant tort De ce que vous rïés si fort Par ces misteres a oultrance (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 79).

B. -

[D'une chose] "Mauvais"

 

-

Pauvres nouvelles. "Mauvaises nouvelles" : Helas ! veyci pouvres nouvelles, Mes amys, que vous m'apourtés. Or fusse je mort et enterré Passé dix ans. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 96).

 

-

De pauvre affaire. V. affaire

 

-

Estre né de pauvre heure. V. heure

 

-

(Estre) en pauvre point. V. point
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj. et subst.
[DÉCT : povre ]

"Pauvre"

A. -

Adj.

 

1.

"Indigent, qui manque du nécessaire" : ...pour bonté a m'ame acquerre, Vueil laissier mon lieu et ma terre Et povre pour Dieu devenir. (Mir. st J. Cris., c.1344, 262). Povre vueil estre et mandiant Desoresmais pour paradis Acquerre. (Mir. st J. Cris., c.1344, 262). LE PREMIER POVRE. (...) De povreté le corps me font. Povre suis je, ce n'est pas doubte (Mir. femme, 1368, 221).

 

2.

[Suivi d'un compl. introd. par de] "Privé, dénué de qqc." : LE MARI. Or sui je bien en touz endroiz Povre et nu de beneurté Et venuz a maleurté, Quant j'ay ma compaigne perdue. (Mir. Theod., 1357, 89). Je croy bien (...) Que vous estes povre d'avoir ; Au moins vous voy j'en petit point, Il me semble, quant n'avez point Que vestir, que c'est grant besoing. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 257).

 

3.

[En parlant d'une chose] "Qui a l'apparence de la pauvreté" : Retraire en mon povre habitacle M'en revois ja. (Mir. parr., 1356, 31). ...il (...) a desdaingniée L'orgueilleuse vie du monde Et vit (...) De povre vie aspre et cuisant (Mir. parr., 1356, 44). Mais je scé bien que du mengier Et du boire, je ne doubt pas, A il eu povre repas En ces set ans. (Mir. Theod., 1357, 114).

 

4.

"Faible" : Hé ! mére Dieu, com le corps m'est Devenu povre, feible et las. (Mir. mère pape, c.1355, 390). E ! fontaine d'umilité, Qui la povre fragilité De moy avez tant confortée... (Mir. parr., 1356, 64). Celui qui plus deust avoir Par nature de moy pitié M'a en si grant ennemistié Qu'il conmande que je soie arse (...). Lasse ! n'est ce pas cruauté ? Si est, et povre feaulté (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 18).

 

5.

Au fig. "Misérable" : Las ! sire, j'ai veu ma dame Bailler au bourrel en ses mains, Et il n'en fait ne plus ne mains Qu'il feroit d'une povre garce (Mir. marq. Gaudine, 1350, 161).

 

-

[En parlant de pécheurs] : Dame, bien puissez vous venir, Quant a si povre creature Conme je suis, royne pure, Vous estes volue apparoir (Mir. enf. diable, c.1339, 18). ...Car a la perdicion tent De sa povre ame. (Mir. nonne, 1345, 316). Si vueillez, trespiteuse dame, Secourre ceste povre d'ame ; Car se par vous ne truis secours, Après mort en enfer le cours Aler m'estuet. (Mir. parr., 1356, 60).

 

-

[Devant un subst. désignant une valeur minimale] : ...je ne pris Toutes les choses de ce monde La plume d'une povre aronde (Mir. emp. Julien, 1351, 212). ...unques en place ny en lieu Ne fu ou riens vous envoyast Clovis ne chose ne vous donnast Qui vaulsist un povre harenc (Mir. Clov., c.1381, 217).

B. -

Subst. "Indigent, mendiant" : Mon royaume vueil departir Aux povres (Mir. femme roy Port., c.1342, 202). ...Ains estoit au povre et au riche Doulce et courtoyse. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 156). Il est amez de toute gent, Il donne au povre, il donne au riche, Du sien n'est point aver ne chiche (Mir. march. juif, c.1377, 173).

 

-

Au fig. "Misérable" : Glorieuse vierge pucelle, Ceste povre qui vous appelle Secourez a sa derreniére. (Mir. mère pape, c.1355, 397).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj. et subst.
[T-L : povre ; DÉCT : povre ; FEW VIII, 56a, 57a : pauper]

I. -

Adj. : Et si l'omme est poure et la medicine chiere, c'est trop fort si lui meistres ne soit [si] curtois q'il le voille garrir sanz plus prendre de soen (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 7).

II. -

Subst. : Cestui fist aussi ung livre intitullé le Tresor des pouvres, qui est chose moult utille en medicine pour simples gens, jaçoit ce qu'il y a aucunes choses couchées, qui selon nostre loy ne sont à faire, mais il ne fait que reciter et est "de empericis". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 127 v°).

 

-

Les pauvres de Lyon. V. lasectedespauvresdeLyon
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 8/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj.
[DÉCT : povre ]

A. -

[En parlant d'une pers.] "Démuni de tous biens" : POVRE. (...) Hellas, je n'ay pille ne crois ; De pis en pis en dueil je crois, Car je suis povre, miserable, Nud et despris ; l'un de voz trois Au jour d'uy me soit secourable ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 545).

 

-

Empl. subst. "Homme qui n'a pas les biens nécessaires" : SAINCT MARTIN. De chanter ne veulx entreprandre Si le povre n'est revestu. ARCEDIACRE. Commant le voulez vous comprandre ? Icy n'a poinct de povre nu. (LA VIGNE, S.M., 1496, 547).

B. -

[En parlant d'une chose concr.] "De peu de valeur, misérable" : SAINCT MARTIN. Honneur de moy n'est poinct amé, Sinon d'aultant que l'ame touche. J'ayme mieulx estre reclamé Moyne sur une povre couche, Vivant sans faire a Dieu reproche Qu'estre pape ne cardinal Qui trop aux biens mondains se couche. (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).

C. -

[En parlant d'une chose abstr.] "Malheureux, pitoyable" : MERE. J'ay de courroux le povre cueur transsi De peur que j'ay qu'elle me soit trop chiere. (LA VIGNE, S.M., 1496, 178).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj.
[DÉCT : povre ]

I. -

"Qui se trouve dans une situation de dénuement matériel"

 

-

Empl. subst. : ...et tout premiers repaistre les effamez, abruver ceulz qui ont soif, herbergier les pouvres, vestir les nuz, visiter les malades, racheter les prisonniers, ensevelir les mors. (LA SALE, J.S., 1456, 39).

II. -

"Qui se trouve dans une situation morale pénible" : Et quant le pouvre Saintré entend de Madame son tres crueulz congié, las ! ne pensa pas mains que de estre deshonoré (LA SALE, J.S., 1456, 9).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
POVRE, adj. et subst.
[DÉCT : povre ]

I. -

Adj.

A. -

[En fonction d'épithète ; avant le subst.]

 

1.

[En parlant d'une pers.]

 

a)

"Pauvre" : "De povreté et de richesse, Sire, ne me donne largesse, Mais administre moy mon vivre Si qu'onnestement puisse vivre, Que je ne vomisse et parjure Ton nom, qu'a toy feroie injure". Ne le disoit pas pour niant, Eins doubtoit l'inconveniant Qui vient d'estre povres ou riches : Car trop y a baras et triches, N'il n'est chose que povre gent Ne consentissent pour argent ; Et li riche font encor pis, Car il portent dedens lor pis Tant de mal et de felonnie, D'orgueil, d'avarice et d'envie, Qu'on ne le te porroit nombrer. (MACH., C. ami, 1357, 71). S'il n'est d'argent ou de joyaux garni, Celui est fol qui cuide avoir amie Au temps present n'estre appellé ami Pour bien amer, sanz penser vilanie, Car son temps pert et folement varie. Par moy le say qui bien l'ay esprouvé, Quant ma dame m'a dit : "fol, quoy c'on die, Ja povres homs ne sera bien amé". (MACH., App., 1377, 640). Doleur de chief et mal de trenchoisons, Rage de dens, angoisse de froidure, Fievres tierces, quartes ne menoisons Apostumes, clouz, boces, enfonture Ne mal des yex, qui clarté fait obscure, Tout ce n'est que soulas, à droit jugier, Envers soussi de povre mesnagier. Car quant il doit, il est par tout semons Et faust que tost poie, quoy qu'il endure ; Et s'on li doit, si pert il ses raisons, Pour ce qu'il n'a de quoy son droit procure. (MACH., App., 1377, 645).

 

-

[Après le subst.] : Car en touz temps et en toutes saisons, Li mesnagier povres est en ardure Comment il puist faire aucun de ses bons ; Mais à tout faut pour sa mesaventure. Chascun le het, nulz n'a de s'amour cure ; Dont puis tous maus, à droit jugier, changier Envers soussi de povre mesnagier. (MACH., App., 1377, 645).

 

b)

"De basse extraction" : Se tu fais aucune sotie Et uns povres homs te chastie, Pour Dieu ! pren en gré son chastoy Tout aussi bien comme d'un roy, Et tien que de cuer t'amera, Quant en secret te blasmera. (MACH., C. ami, 1357, 127).

 

2.

[En parlant d'une chose]

 

a)

"Misérable" : Or voy que li roy et li conte, Li prince et li duc n'ont pas honte De vestir un povre pourpoint Qui leur est fais trop mal a point. Plus n'en di, qu'il n'apartient mie Que je des seigneurs chose die Qui leur puist ou doie desplaire. (MACH., C. ami, 1357, 130).

 

b)

"Qui inspire la commisération, la pitié" : Et des prises et des outrages Et des occisions sauvages De barons et de chevaliers, De clers, de bourgois, d'escuiers, Et de la povre gent menue Qui morte y fu et confondue, De rois, de duz, de bers, de contes Seroit lons a dire li contes. (MACH., J. R. Nav., 1349, 144). Nuit et jour en tel traveil Est le povre cuer de moi, Car onques tourment pareil Ne senti, si com je croi, Car sans cesser, en recoi, De celli cui sui amie Regrette la compagnie. (MACH., Voir, 1364, 512).

 

-

[En parlant d'une chose abstr.] : Et qui le fait pour lui prisier Ou pour lui plus auctorisier, Y fait mal, car si fole emprise Fait li homs, si tost qu'il se prise, Qu'il boute orgueil et vanité En sa povre fragilité. (MACH., C. ami, 1357, 133). Avec les esclaves [le roi] trouva Le vallet [Jacques de Giblet] ferré qui ouvra, Et à son col portoit la terre Dont li cuers le destreint et serre. Li roys n'en fist onques samblant, Einsois seur son mulet emblant Passa le chemin et la voie Sans faire nul samblant qu'il voie Son povre estat ne sa misere ; Puis s'en ala veoir sa mere Et son mari, qui deshaitiez Estoit forment et mal traitiez. (MACH., P. Alex., p.1369, 265).

 

c)

[En parlant d'un lieu] "Privé de confort" : Ne veés vous quel vent il vente ? Gens, maisons et clochiers cravente, N'on n'ose venir në aler Pour les tieules qu'on voit voler Pour le vent qui ainsi les souffle Par son fort et mervilleus souffle (...). Or vous volés mettre au chemin ! Honnis soiz je, se o vous chemin ! Encor y ha une grant doubte : Souvent vous prent en pié la goute, Si que, sire, s'elle venoit Et en vostre pié vous prenoit, S'en un povre lieu demouriés, Par m'ame, sire, vous morriés. (MACH., Voir, 1364, 612).

 

3.

Au fig.

 

a)

[En parlant d'une pers.] "Malheureux" : ...le dous ottri M'avoit donné de s'amour, sans nul si, Se je fui liez, Douce dame, ne vous en mervilliez. Car j'estoie devant desconsilliez, Povres, perdus, despris, et essilliez, Sans nul ressort, Quant je failloie a son trés dous confort. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 80).

 

b)

[En parlant d'une chose abstr.] "Pauvre, faible insuffisant ; de peu de valeur, de peu d'importance" : Einsi est il, dame, quoy que nuls die, De ma dame qui se change et varie, Donne et retolt, or het, or est amie, N'en une part N'est tous ses cuers, et s'aucuns y repart, Certes, je croy qu'il en a povre part, Et que de li celle part tost se part. N'a droit jugier, Amans ne puet avoir homme si chier Qu'il le vosist avoir a parsonnier En ses amours, sans plus, nès par cuidier. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 98). Or y parra : Se pour ce que j'ay povre espoir De ma douce dame vëoir Et qu'Amours m'a en nonchaloir, Qu'il me fera ? M'ocira il ? Il ne porra, Car ma loiauté m'aidera. (MACH., R. Fort., c.1341, 52). Adont sa mere y est venue Acourant moult dolentement ; S'en prist a plourer tenrement Et la fist porter en un lit. La prist elle povre delit ; Car au cuer estoit fort ateinte Et ou viaire pale et teinte Et si de son corps amatie Et de ses membres amortie, Qu'einc puis ne s'en pot soustenir (MACH., J. R. Nav., 1349, 201). ...Car Bonne Amour en sa part tient Un cuer d'amant tant seulement Sans naturel commandement. Qui ne vuet, nuls n'i est contrains ; Mais on est d'Amours si estrains, Qu'obeïr y couvient par force ; S'est fols qui contre li s'efforce. Guillaume, se vous loeroie A laissier ceste povre voie De dire que Nature ait grace Que propre commandement face En amours, qui soit de valeur. (MACH., J. R. Nav., 1349, 212). Mais tant sont de foible marrien Qu'en armes il ne valent rien, Eins s'en fuient comme chevriaus. Puis qu'il a gens d'armes entr'eaus, Il sont de trop povre couvine ; Et si siet droit seur la marine Un petit plus d'une huchie. (MACH., P. Alex., p.1369, 62). Detri d'ottri que moult compere, Bel Acueil qui de moy se vange Amour marrastre et nompas mere, Espoir qui de joie m'estrange, Povre secours, desir ardant, Triste penser, cuer souspirant, Durté, desdaing, dangier et refus qu'ay M'ont ad ce mis que pour amer morray. (MACH., Bal., 1377, 539). Qu'il ymagine et pense au grief tourment Que sa dame li fait sentir et traire Pour li servir et amer loyaument. Helas ! dolens, ci ha povre salaire ; Miex li vaurroit sa vie user au Quaire Qu'en tel service, où cuers et corps deveure, Triste, dolent, qui larmes de sanc pleure. (MACH., Bal., 1377, 558). Helas ! or voy que ses cuers se delite En moy tuer ; c'est chose moult contraire, Quant sa debonnaireté M'ocist à tort, sans merci ne pité. Helas ! s'en pers tout bien et toute joie, Dont je me tieng pour mort où que je soie. Helas ! dame, ci a povre merite, Qui m'ociez pour vo service faire. (MACH., L. dames, 1377, 181). Se vo grandeur vers moy ne s'umilie, Tres dous amis, que j'aim sans decevoir, Povre esperance avoir doy en ma vie, Car j'ay doleur qui trop me fait doloir Pour vous, où j'ay mon cuer mis, Si que ja mais n'en puet estre partis. Si ne doi pas toudis à vous penser Sans vostre amour avoir ou esperer. (MACH., L. dames, 1377, 229).

B. -

[En fonction d'attribut]

 

1.

"Pauvre" : Ne le disoit pas pour niant, Eins doubtoit l'inconveniant Qui vient d'estre povres ou riches : Car trop y a baras et triches, N'il n'est chose que povre gent Ne consentissent pour argent (MACH., C. ami, 1357, 71). [Le corps du roi assassiné] Couronne avoit de parchemin Painte, et tele que par chemin N'est nul homme, s'il la trouvast, Tant fust povres, qui la levast ; Et aussi le sestre et la pomme Estoient aussi povre comme La couronne et de tel peinture. (MACH., P. Alex., p.1369, 271). Je ne sui pas de tel valour, Dame, qu'à vous doie penser, Ne que souhaidier vostre amour Deüsse, à raison regarder. Mais plus vous aim, se Diex me voie, Que nulz, et puis qu'il est ainsi, Dame, com povres que je soie, J'ay bien vaillant un cuer d'ami. Car quant Amours si grant honnour Me vuet, qu'elle me fait amer De toutes les dames la flour, Pas ne me doy povres clamer, Ains sui riches et pleins de joie, Quant elle m'a tant enrichi. (MACH., L. dames, 1377, 26).

 

-

Estre plus povre : Et loiaument te puis jurer Que tous les jours en mil manieres, Riches, precieuses et chieres, Elle [ta dame] te guerredonneroit, Que ja plus povre n'en seroit ; Que biens en li tant s'abandonne Que plus a, quant elle plus donne, Mais que bonne Amour s'i consente. (MACH., R. Fort., c.1341, 60).

 

-

Loc. : Fi de richesse sans honneur ! Mais honneur est bien sans richesse, Et certes, c'est plus grant noblesse D'avoir honneur et povres estre, Que sans honneur estre grant mestre Et avoir d'or une grant somme. (MACH., C. ami, 1357, 103). [Polyphème à Galatée] Cis bestiages amassés Entour moi contreval ces roches Et plus au bois et plus aus croches En mes cages, sont miens sans faille ; Et se tu de la moie aumaille Me requiers que je la te nombre, J'en ai tant que n'en sai le nombre : Povres est cilz qui puet savoir Tout le nombre de son avoir. (MACH., Voir, 1364, 636).

 

-

Estre povre de : Et s'il est povres de biauté, Je l'enrichi de loiauté, De douceur, et li donne grace Qui pluseurs biautez veint et passe. (MACH., D. verg., a.1340, 29). Et quant einsi ay petit d'esperence, Nuls ne s'en doit mervillier, sans doubtance, Car povres sui d'onneur et de vaillance Et de bonté, Et vous estes la fleur et l'excellence De tous les biens, par vraie experience, Ente et estos d'onneur et de prudence Et d'onnesté. (MACH., F. am., c.1361, 158). Mais tels est riches de biauté Qui est povres de loiauté ; Et tels est fors com Renouars Qui est recreans et couars (MACH., F. am., c.1361, 184). Riches d'amour et mendians d'amie, Povres d'espoir et garnis de desir, Pleins de dolour et disiteus d'aye, Loing de merci, familleus de merir, Nus de tout ce qui me puet resjoïr Sui pour amer et de mort en paour, Quant ma dame me het et je l'aour. (MACH., Bal., 1377, 539).

 

2.

"Sans valeur" : [Le corps du roi assassiné] Couronne avoit de parchemin Painte, et tele que par chemin N'est nul homme, s'il la trouvast, Tant fust povres, qui la levast ; Et aussi le sestre et la pomme Estoient aussi povre comme La couronne et de tel peinture. (MACH., P. Alex., p.1369, 271).

II. -

Subst. "Pauvre" : Et quant il est miens ligement, Sachiez que je puis de legier Toutes ses dolours aligier ; Et si puis le povre acomplir Son desir et lui enrichir De ce dont li riches mendie. (MACH., D. verg., a.1340, 22). Garde qu'aus povres soit ouverte Ta main a gaaing et a perte, Et Dieus le te rendra a double, Adès pour un denier un double, Car le pechiet aumosne esteint, Si com l'iaue feu, quant l'ateint. (MACH., C. ami, 1357, 136). Mais il ne fist pas lonc sejour, Car l'endemain, au point dou jour, La messe oy, puis se parti. Mais grans aumosnes departi Einsois aus povres de sa main, Comment qu'il fust oscur et main, Car a chascun qui en voloit Un gros de la main li voloit. (MACH., F. am., c.1361, 242).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 11/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj.
[T-L : povre ; DÉCT : povre]

A. -

"Qui vit dans la pauvreté" : ...quand vint a besoignier et espouser, il [le curé] print le vieil homme riche et la jeune fille pouvre et les joignit par l'aneau du moustier ensemble. D'aultre costé aussi il print le jeune homme pouvre et l'espousa a la vieille femme riche (C.N.N., c.1456-1467, 339). Si fut menée la pouvre jeune fille a l'ostel du riche homme ; et pareillement la vieille riche fut menée en la pouvre maisonnette du jeune compaignon. (C.N.N., c.1456-1467, 339). Nostre Dame ! dit l'espousé, si je la puis recouvrer, je l'ayme trop mieulx que vous, quelque pouvre qu'elle soit (C.N.N., c.1456-1467, 342).

B. -

"De peu d'importance, négligeable" : ...au deable de l'omme s'il peut oncques trouver maniere de fournir une pouvre lance a celle qui ne demandoit aultre chose (C.N.N., c.1456-1467, 195). ...[elle] m'a desja accordé tout ce que je luy ay osé requerre ; mais encores n'ay je peu finer d'un pouvre baiser. (C.N.N., c.1456-1467, 316). ...tout est pardonné a ce pouvre larron de chemises (C.N.N., c.1456-1467, 401). ...luy fut bien reprouché, voire en esbattant, ce pouvre larrecin. (C.N.N., c.1456-1467, 401).

C. -

[P. réf. à la notion de pitié]

 

1.

"Qui inspire une vraie pitié"

 

a)

[D'une pers.] : ...[une médecine] effacera la grand doleur et le martire qui debrise et gaste la pouvre patiente. (C.N.N., c.1456-1467, 34). Quand la pouvre pucelle se voit ainsi efforcée, et que la doulceur de son langage ne luy portoit point de prouffit, leur dist... [Une jeune fille assaillie par quatre ribauds] (C.N.N., c.1456-1467, 552).

 

-

P. méton. : ...la seule pensée [de son deplaisir] en son pouvre cueur remirée estoit assez et trop puissante de le mettre en desespoir (C.N.N., c.1456-1467, 254).

 

b)

[D'un animal] : ...le roy deut dire qu'il n'y eut dommage que du pouvre loup qui fut brullé, qui ne povoit mais du meffait des aultres. [Il est tombé dans le piège tendu par le mari à l'amant] (C.N.N., c.1456-1467, 356).

 

c)

[D'une chose] : ...[elle] prie a monseigneur, pour Dieu ! que de sa grace il luy veille enseigner qu'elle doit faire pour garder ce pouvre devant de cheoir. (C.N.N., c.1456-1467, 39).

 

d)

[D'une situation] : ...Dieu scet s'il pensa au chemin a son pouvre fait : "Helas ! dit il. Or suis je homme deffait et deshonoré..." (C.N.N., c.1456-1467, 287).

 

2.

"Pitoyable, ridicule" : ...le surplus qu'après ce ensuyt tout a son aise et loisir acheva, sans ce que le pouvre coux de la ruelle s'osast oncques monstrer, mais si grand paour avoit que a pou qu'il ne mouroit. [Un archer s'impose à une femme sous l'oeil du mari] (C.N.N., c.1456-1467, 51). ...elle le prend a braz et baise et accole tant doulcement qu'on ne pourroit plus, en luy priant pour Dieu qu'il ne soit point mal content. Et le pouvre cocquard dit que non est il [Une femme tente d'apaiser son mari après le mauvais tour qu'elle lui a joué] (C.N.N., c.1456-1467, 188).

 

3.

[Ambivalence des sens 1 et 2] : Et tout ce veoit a l'oeil son pouvre mary par une petite treille. Pensez s'il estoit a son aise ! [Une femme et son amant, dans leurs ébats amoureux] (C.N.N., c.1456-1467, 320).

 

-

[Dans un cont. iron., l'aut. souligne cette ambivalence par l'empl. d'un subst. empl. p. antiphr.] : Pour refaire les yeulx abusez de ce pouvre martir, le bourgois commenda qu'on le feist seoir a la table [L'homme ne supporte pas que son ami lui cache le visage de sa maîtresse] (C.N.N., c.1456-1467, 27). Le pouvre martir estant soubz le lit, a peu s'il s'osoit tirer de la, doubtant le retourner de son adversaire, ou, pour mieulx dire, son compaignon. [Surpris par l'arrivée du mari l'amant l'a fait se cacher sous le lit] (C.N.N., c.1456-1467, 52).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 12/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj.
[T-L : povre ; GDC : povre ; DÉCT : povre ; FEW VIII, 56a : pauper ; TLF XII, 1211b : pauvre]

A. -

[D'une pers.] "Dénué de biens" : Dit aussi qu'elle est povre femme seulle, desnuée de sondit mary, laquelle l'espousa en la ville d'Avignon, IIIJ ans a passé et plus, non sachant les usages de la ville de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 42). ...ilz ont veu ledit prisonnier, qui est un très-povre varlet gaigne-pain, querant sa vie pour Dieu à Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 276). ...il vit et ouy un homme qui se fait appeller et nomme Jehan Le Porchier, lequel estoit en icelle rue, en habit d'ermite, criant assez hault les paroles qui ensuient : Au povre Crist hermite, pour Dieu ! (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 311).

 

-

Pauvre homme : ...en passant par la ville de Drancy, prez dudit Aulnoy, cogneust en soy qu'il estoit un povres homs et ne pourroit païer ledit cheval (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 221). ...il qui parle estoit au Lendit, en la compoingnie d'autres povres hommes mendiens et querans leurs vies pour Dieu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 452). ...sondit feu mary estoit très-povres homs, qui gaignoit pou et ouvroit enuiz, et ne lui faisoit aucun bien (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 61). Tous lesquieulx, veu l'estat et personne dudit prisonnier, qui est povres homs par samblant (...) qu'il n'est pas vraysamblable un tel povre varlet estre si riches comme d'avoir presté XX frans à telz gens, dont il n'a aucune cognoissance ou accointance (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 396).

 

-

Homme de pauvre estat. V. estat

B. -

Au fig. "Qui inspire la pitié" : ...lesquelz troys compaignons estoient arrestez au devant d'icelle femme, laquele ilz avoient batue et encore batoyent quant il arriva sur eulx, ausquelz compaignons il qui parle dist ces paroles ou samblables : Vous faites mal et pechié de batre ceste povre fille, qui riens ne vous demande. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 146).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 13/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj. et subst. masc.
[DÉCT : povre ]

I. -

Adj.

A. -

"Qui a peu de ressources" : La firent mainte veofe dame Et mainte poevre enfant orphanin. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 55). Or povez sentir en quel estat estoient povres gens qui n'avoient ne pain, ne vin, n'argent, ne busche, et qui avoient povre mestier et foison d'enfans. (BAYE, I, 1400-1410, 213). ...à cause de certain lays de XIJm frans laissez en testament par ledit feu roy Charles à ses povres officiers et serviteurs. (FAUQ., II, 1421-1430, 82). ...pour le relievement du povre peuple de ce royaume, qui tant a souffert et seuffre de misere et povreté (FAUQ., II, 1421-1430, 96).

B. -

[En parlant d'un métier, d'un fief] "Qui rapporte peu" : Or povez sentir en quel estat estoient povres gens qui n'avoient ne pain, ne vin, n'argent, ne busche, et qui avoient povre mestier et foison d'enfans. (BAYE, I, 1400-1410, 213). ...à occasion de povres et petis fiefs ou arriere fiefs que tenoient en pluseurs païs (BAYE, I, 1400-1410, 332).

II. -

Subst. masc. "Personne qui a peu de ressources" : ...une pestilence d'air (...) a couru et cuert puiz l'entrée de ce present moiz, telle que à peinne puet l'en trouver povre ne riche, et par especial à Paris, qui ne se sente de ceste maladie (BAYE, I, 1400-1410, 89). ...et arrester, distribuer pour Dieu, et aumosner aux povres et es hospitaulx tout le pain ouquel il y aura faulte notable de poix ou autrement. (FAUQ., II, 1421-1430, 15).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 14/14 
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     PAUVRE     
FEW VIII pauper
PAUVRE, adj.
[T-L : povre ; GDC : povre ; DÉCT : povre ; FEW VIII, 56a : pauper]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"Pauvre, nécessiteux" : ...et puis [Mélusine] fist faire le bourc et la tour de Saint Messent, et fist commencier l'abbaye, et faisoit moult de bien a povre gent. (ARRAS, c.1392-1393, 78). Et, se vous veez un bon homme d'armes qui soit povres et en petit estat de vesture ou de monteure, donnez lui du vostre selon ce que vous sentirez vostre aisement et selon ce qu'il sera de value. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Prenez sur eulx [ceux que vous avez conquis] vostre droit, sans eulx taillier oultre raison, ne alever coustumes inraisonnables, car, se peuple est povre, le seigneur est mendiz, et, se besoing lui orisoit de guerre ou d'autre neccessité, il ne se sauroit de quoy aidier, dont il pourroit cheoir en grant servitute, et n'en seroit ja plaint ne d'estrangiers ne de privez. (ARRAS, c.1392-1393, 86).

 

2.

"Misérable, qui inspire la pitié, malheureux" : Glorieux Pere Jhesucrist, je te regracie humblement de ce que tu n'as pas oublié moy qui suiz ta povre creature, ne ton povre peuple, qui a longtemps vescu cy dedens en grant doubte et en grant misere. (ARRAS, c.1392-1393, 96). ...je vous fais heritier de mon royaulme. Mais, pour Dieu, preingne vous pitié de mon povre enfant, orpheline, desnuee de tout conseil et confort, se vous lui failliez. (ARRAS, c.1392-1393, 141). Folz roy, or as tu failly a moy et a ton don, et t'es mis en adventure de demourer ceans a tousjours mais. Povre fol, n'es tu pas descendu de la lignie du roy Guion, qui fu filz Melusigne, ma seur, et je suis ta tante, et tu es si prez de mon lignaige, posé que je me voulzisse assentir a toy avoir, que l'eglise ne s'i vouldroit pas accorder. (ARRAS, c.1392-1393, 305).

 

3.

"Modeste, humble" : Helas ! Je [Mélusine] en souloye [de cette douce contrée] estre dame clamee, et m'y souloit on faire et acomplir tout quanque je commandoye. Or n'en seray je pas sans plus povre chamberiere. (ARRAS, c.1392-1393, 259).

B. -

[D'une chose abstr.] "De peu de valeur, de peu d'importance, humble" : ...et m'en a commandé a faire le traictié de l'ystoire qui cy après s'ensuit. Et je commenceray de cuer diligent, de mon povre sens et povoir, en ay fait le mieulx que j'ay sceu. (ARRAS, c.1392-1393, 1). ...prince Jehan, filz du roy de France, duc de Berry et d'Auvergne, conte de Poictou et d'Auvergne, mon tres redoubté seigneur, lequel m'en a commandéa faire ce petit povre traittié [de la forteresse de Lusignan], selon les croniques que j'en ay eues (ARRAS, c.1392-1393, 308).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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